Does every experience have some negative valence?

Roger Thisdell holds that every experience has some negative valence and that there are no experiences with a positive hedonic level.

There is a point where you deconstruct perception to basic experiences by not feeding certain mental processes with your attention, they fade out. If I’m not paying attention to thought, the experience and comprehension of concepts and language fade out of experience. You can get to states of mind where there is no high-level conceptual thinking going on. It’s just vague pressures, releases, and contortions. You can have experiences of just vast airy space. For instance, the sense of the body schema, that you have a unified body, can vanish when you haven’t been paying attention to it for a long time and you’ve kept your eyes closed, so you are not updating the perception of the body with new visual stimuli. The body schema as a model falls out of the mind. But you still have awareness of gaseous somatic sensations and in all that there is a subtle contraction. Yeah, I’m saying that. It comes with a disturbance from an ultimate peace of that which is before/beyond concept and phenomenological representation.

Some would say: “Of course, there are pleasant experiences. There can be more intense pleasures. And you can go upwards on the hedonic scale. You can feel better and better. And below all that, you can feel neutral: neither pain nor pleasure; neither unpleasantness nor pleasantness. Below that, you can feel bad, feel minor disturbances, feel horrible, and so on.” So if we have different degrees of disturbances and suffering, then my question is whether there are experiences that are above undisturbedness; the absence of negative valence. I guess, based on your videos and writings, that you would say no; that there are no such experiences.

Yeah. I think “no”. I think there is a way in which suffering and pleasure don’t exist at the same level of abstraction. Pleasure is at a more abstract layer. The label “pleasure” comes from an assessment after the fact of an experience. Once there was a build-up of pressure and then a release, there is a judgment “I am glad for the release”, but it was just the contractive pressure that you wanted to go away. Now it’s gone so you make the comparative judgment after the fact: “That was a good thing that happened”. But had the pressure never built up, had the contraction never been binding and causing you suffering, then you can’t even begin to make that assessment that it was something good to do.

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L’approche systématique de la souffrance: Un entretien avec Robert Daoust

English | French

L’algonomie est le nom d’une discipline pour l’étude systématique de la souffrance, proposée par Robert Daoust. L’Alliance Algosphère, lancée par Robert et d’autres en 2011, est un réseau mondial ouvert et transparent d’individus et d’organisations, dédié à l’allègement de la souffrance.

 

Sentience Research: Vous êtes l’un des fondateurs d’Algosphère. Comment l’organisation a-t-elle débuté et quels étaient ses principes fondateurs?

Robert Daoust: À ma grande surprise, je me suis rendu compte en 1975 qu’il n’y avait pas de place centrale où aller dans notre culture pour s’occuper du phénomène de la souffrance lui-même, dans toute sa variété ou tous ses aspects. J’ai alors proposé la création d’une discipline théorique et d’une entreprise pratique. Dans les décennies suivantes, j’ai constaté que les gens en général avaient de la sympathie pour ma proposition, mais personne ne s’est impliqué avec moi jusqu’en 2011, quand Jean-Christophe Lurenbaum m’a contacté, à la suggestion de David Pearce. Jean-Christophe a eu lui aussi dans les années 70 l’idée d’organiser l’allègement de la souffrance dans le monde. C’est dans ce but, délibérément, qu’il est allé étudier en économie publique et qu’il a ensuite choisi de travailler comme secrétaire à la stratégie dans la plus grande entreprise publique française avant de prendre une retraite anticipée, de retourner à l’université et d’écrire un livre résumant ses idées. Les miennes ont été résumées dans un document de 1986 intitulé L’organisation générale contre les maux.

Grâce à la grande expertise de Jean-Christophe, l’Alliance Algosphère a été lancée en 2013. Il s’agit d’une institution unique en son genre, ouverte à tous ceux pour qui l’allègement de la souffrance est une priorité. Elle n’est officiellement enregistrée dans aucune juridiction (elle est libre de toute autorité extérieure), elle n’a aucune structure de pouvoir (pas de place pour l’ego ou le power trip), pas d’argent (pas de contrôle par les plus riches), aucune obligation imposée aux participants (contribuez comme vous le souhaitez) et elle est conçue pour fonctionner lentement, méthodiquement, pendant des siècles, pour des changements à très grande échelle davantage que dans la chaleur de chaque urgence passagère. Elle n’agit pas elle-même directement pour alléger la souffrance, mais plutôt par l’intermédiaire de ses alliés, chacun dans son domaine d’intérêt particulier.

 

Sentience Research: Quelle est la principale caractéristique de l’Algosphère qui la distingue des autres projets?

Robert Daoust: L’Alliance propose une convergence des forces au niveau le plus abstrait de généralité afin de pouvoir rassembler les divers acteurs s’occupant de l’allégement de la souffrance – et ce niveau le plus abstrait procure, à mon avis, le plus puissant effet concret dans la pratique parce qu’il simplifie radicalement l’approche de la souffrance. Pour le dire plus clairement peut-être, vous et moi avons chacun nos propres causes mais nous pouvons entrer en synergie en prenant ensemble des décisions mutuellement avantageuses, et nous pouvons tous faire cela collectivement grâce au lieu de rencontre offert par l’Alliance, l’Agora. L’Agora fonctionne comme un outil de démocratie directe à l’échelle mondiale, un processus de décision décentralisé et transparent qui repose sur le consentement, c’est-à-dire l’agrément, c’est-à-dire la non-souffrance.

 

Sentience Research: Que s’est-il passé avant cela? Dans vos Notes biographiques, on peut lire les pensées déprimantes de l’adolescent Robert sur la souffrance: “Les souffrances extrêmes subies par d’innombrables êtres dans leur marche à travers la vie m’apparaissent comme une désespérante persécution perpétrée par des forces inhumaines qu’il faut absolument vaincre.” Cela a-t-il changé avec le temps? Comment ressentez-vous personnellement et évaluez-vous globalement la souffrance dans le monde?

Robert Daoust: Quelle est l’ampleur de la souffrance? Personnellement, ma mère est morte quand j’avais deux ans et demi, mais j’ai réalisé seulement récemment que c’était, pour de vrai, une tragédie douloureuse. Je veux dire… cela a rendu ma vie, et plusieurs autres vies aussi, compliquée et pleine d’épreuves, mais cette mort ne m’a jamais été douloureuse. J’ai pour la première fois été confronté à la souffrance excessive quand j’ai été atteint par plusieurs maladies infantiles courantes à l’époque, et dès l’âge de dix ans, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour éviter la douleur physique. De même, à la fin de la vingtaine, j’ai progressivement appris à éviter les souffrances psychologiques dues à des causes telles que la dépression ou la frustration sexuelle. Par la suite, j’ai surtout été heureux. Quoi qu’il en soit, je ne vois pas très bien comment quelqu’un peut évaluer la quantité de souffrance qui se produit en soi, et encore moins dans le monde entier. Nous avons besoin d’une algométrie, c’est-à-dire une science de la quantification de la souffrance, une sous-spécialité de l’algonomie. En gros, je pense que la quantité de souffrance sur terre a été plus ou moins égale au cours du dernier million d’années. Je ne peux pas regarder l’état infernal du monde sans ce que j’appelle des lunettes de soudeur. Je me console cependant avec cette phrase lue dans Maus, où le père de Spiegelman, un survivant de l’holocauste, parle de son séjour à Dachau:  “Et c’est là que mes ennuis ont commencé”. C’était après qu’il ait vécu assez longtemps à Auschwitz!!!

 

Sentience Research: Vous dites que “toutes les grandes sphères de l’activité humaine traitent d’une manière ou d’une autre de la souffrance”, bien que ce ne soit pas leur principale préoccupation. N’est-ce pas là un paradoxe ou une contradiction?

Robert Daoust: Vous voyez une contradiction?

 

Sentience Research: Je veux dire que la souffrance est omniprésente dans les vies humaines (et chez les autres animaux aussi, bien sûr) et pourtant il n’y a guère eu d’humains qui ont entrepris de mettre fin à la souffrance. Il semble que la plupart d’entre eux l’acceptent comme un mal nécessaire ou inévitable.

Robert Daoust: Oh, oui! Avant la science newtonienne, on pouvait s’occuper de la gravité, mais seulement jusqu’à un certain point. Il faut beaucoup de réflexion abstraite pour dépasser l’évidence et commencer à découvrir ce qui peut être fait d’autre, comme aller sur la lune. Ce n’est qu’avec l’avènement d’une nouvelle psychologie scientifique au 21e siècle, je crois, que nous commencerons vraiment à comprendre comment échapper à la gravité de notre condition de souffrance.  J’ai également remarqué que, par définition, pour ainsi dire, plus quelque chose est ressentie comme nécessaire, plus il est difficile de l’obtenir. C’est parce que, je suppose, nous sommes dans un monde où chaque entité est en concurrence avec les autres pour sa propre construction, sa propre croissance. La concurrence cède la place à la coopération lorsqu’un niveau d’activité est dépassé de manière inattendue par un autre niveau d’activité, comme cela s’est produit tout au long de l’histoire de l’évolution biologique, et de l’évolution humaine également. Cela explique peut-être, mais pas très clairement, désolé, pourquoi il est si difficile de trouver de la collaboration pour des projets comme le mien…

 

Sentience Research: L’idée d’une discipline qui a pour objet principal la souffrance, l’algonomie, est quelque chose qui a mûri en vous depuis de nombreuses années. (Elle est dans votre tête depuis 1975 au moins!) Comment a-t-elle évolué depuis lors? Quels sont les défis de ce projet?

Robert Daoust: Ça n’a pas beaucoup changé. Au début, je l’ai appelé l’algologie. Au cours de la décennie suivante, j’ai passé mon temps dans les bibliothèques à chercher des ouvrages ou bien des domaines d’études qui existeraient déjà avec le même esprit que l’algonomie. Hélas, et à ma grande surprise, je n’ai pas trouvé grand-chose. En 1986, j’ai produit un résumé ou un plan de travail, L’organisation générale contre les maux, et vers 2000-2005 une Introduction à l’algonomie. Je dois dire qu’au tout début, déjà, j’avais le sentiment que si l’idée était aussi bonne qu’elle le paraissait, il me faudrait à peine deux semaines pour trouver beaucoup de gens intéressés! J’ai encore et toujours un sentiment comme celui-là. La dernière tentative que j’ai faite remonte à 2019, alors que j’ai proposé de créer un Institut d’algonomie: voyez-vous, c’est facile, il suffit de trouver 10 millions de dollars auprès d’un philanthrope milliardaire! Bien sûr, cela non plus ne s’est pas réglé en deux semaines – peut-être simplement à cause d’un manque d’audace, car aucune demande finalement n’a jamais été faite pour obtenir les dix millions.  Créer une nouvelle discipline consacrée à la souffrance comporte de nombreux défis, mais je prédis que si nous arrivions à la faire décoller, elle démontrerait sa capacité à épargner des souffrances et cela lui assurerait un développement rapide et durable. Parfois aussi, cependant, je pense que tout ça n’est peut-être que l’illusion de toute une vie… mais c’est un pari, une gageure: puis-je imaginer une façon plus valable d’utiliser mon temps?

 

Sentience Research:  “Souffrance”, “douleur”, “valeur négative”, “valence négative”, “qualia négatifs”, “désirs insatisfaits” et “préférences frustrées” sont des termes concurrents parfois utilisés de manière ambiguë. Quel est votre terme préféré? Utilisez-vous des définitions différentes?

Robert Daoust: Mon terme préféré est “désagrément”, que j’ai retenu de mes études en science de la douleur, où il est utilisé pour distinguer les différentes composantes de la douleur physique, tel “l’aversion” (“ne pas vouloir” est différent de “ne pas aimer”, cf Berridge) ou “la souffrance” (détresse psychologique secondaire ou tertiaire). Vers 2006-2010, j’ai écrit la majeure partie de l’article de Wikipédia sur la souffrance (en anglais), et notamment la section sur la terminologie. Soit dit en passant, même cet article, qui est régulièrement consulté, n’a pas suscité beaucoup de collaboration pour son édition, ce qui est dommage.

La terminologie relative à la souffrance est extraordinairement confuse. Cela révèle que dans notre culture la souffrance constitue un scotome. Un des premiers services rendus par l’algonomie serait d’adopter une terminologie technique universelle. Peut-être la souffrance serait-elle appelée “algo”. Alors… personnellement, je n’utilise qu’une seule définition de la souffrance: c’est un ressentir (un feeling) désagréable. Je trouve intéressant de parler de valence négative, mais celle-ci se produit très souvent sans désagrément, il me semble, comme quand par exemple un esprit curieux se rend compte qu’il lui manque une information: cela peut être ressenti comme quelque chose ayant une valeur négative mais qui est tout de même agréable en tant qu’élément d’une plaisante activité d’exploration. Le plaisir et la souffrance ne sont pas les seules valeurs qui existent, à mon avis, loin de là. Il serait désastreux de stopper toute souffrance, ou de promouvoir tout plaisir, s’il s’avérait qu’une part de souffrance est indispensable, ou qu’une part de plaisir constitue un obstacle, en vue d’atteindre quelque chose de plus grande valeur.

Un autre service de l’algonomie, qui apportera de la clarté dans ce sujet complexe, sera de fournir une taxologie de la souffrance, un outil de collecte et de classification des informations concernant “les types de souffrance, les personnes ou les animaux qui souffrent, les causes de la souffrance, les personnes et les organisations qui provoquent la souffrance, les solutions ou les stratégies relatives à la souffrance, les personnes et les organisations qui contribuent à arrêter ou à prévenir la souffrance excessive, les documents pertinents pour l’étude systématique de la souffrance”, etc.

 

Sentience Research: Que pensez-vous de la nature de la souffrance: pourquoi souffrons-nous et comment une expérience consciente est-elle possible en premier lieu?

Robert Daoust: En fin de compte, la nature de la souffrance ou de la sentience dépend de la nature de ce qui existe au niveau le plus fondamental, par delà nos connaissances actuelles. Nous sommes donc amenés à nous demander ce qu’est ce monde et quelle est sa valeur. Philosophiquement, je prends le parti de la santé mentale. Je crois et j’espère que l’inconnu sera connu un jour et, surtout, qu’il ne sera pas “trop” mauvais: selon toute vraisemblance, il n’y a pas d’enfer éternel ou quelque chose de pire encore. Mon point de vue est que nous vivons dans l’univers décrit par la physique moderne, qui est constitué de matière-énergie ou d’ondes-particules. La science contemporaine est en train de découvrir comment la sentience émerge de la matière-énergie, et à partir de là elle va comprendre beaucoup mieux ce qu’elle est elle-même et ce que sont les concepts qu’elle utilise comme l’espace-temps, la matière-énergie, les objets mathématiques, les objets linguistiques, etc.

 

Sentience Research: Avez-vous tiré des conclusions concernant l’explication la plus probable de la nature de la souffrance et de la conscience en général?

Robert Daoust: Pour ce que ça vaut, je pense que j’ai une perspective unique dans le domaine de la recherche psycho-scientifique car je suis un chercheur indépendant autodidacte, spécialisé dans un sujet, la souffrance, qui n’a pas été systématiquement abordé jusqu’à présent dans le cadre d’une discipline scientifique moderne. La discipline pertinente la plus proche que j’ai pu trouver dans le monde académique est la science de la douleur. Par chance, l’Université McGill, dans ma ville natale, a hébergé peut-être le meilleur centre de recherche sur la douleur, et j’y ai passé beaucoup de temps pour y apprendre plein de choses.

J’ai quelques certitudes: 1) le tronc cérébral est plus essentiel à la conscience que le cortex ; 2) l’émergence de la conscience dépend des champs d’ondes électromagnétiques générés dans le cerveau, plus que des calculs effectués par les neurones ; 3) la solution au difficile problème de la conscience nécessite une explication au bon niveau d’émergence, le niveau psychologique, mais basée sur les niveaux plus anciens décrits par la biologie, la chimie, la physique.

L’expérience consciente est rendue possible par l’évolution grâce à l’avènement de systèmes complexes de cellules spécialisées dans les impulsions électriques. Ces impulsions représentent des activités sensorielles, motrices ou associatives inconscientes. Malgré leur sophistication, les insectes se comportent “probablement” sans conscience, grâce seulement à leurs réseaux neuronaux d’apprentissage profond. Mais chez les vertébrés et certains invertébrés, les représentations électromagnétiques deviennent si nombreuses et si bien reliées entre elles qu’elles forment un ensemble, un champ d’ondes complexe où peut prendre forme un théâtre de valeurs signifiantes: les qualia constituent des courants d’interrelations où ils signifient-et-valent quelque chose l’un pour l’autre, au sein d’un “récit”.

Je suppose que la partie “valeur” a son substrat physique dans des forces d’attraction et de répulsion prenant diverses configurations symétriques et dissymétriques. La partie “signification” dépend des calculs neuronaux et ne peut pas être consciente sans sa contrepartie “valeur”. Nous souffrons parce cela contribue à la survie. Les tendances évolutives les plus fondamentales sont l’entropie et la néguentropie, c’est-à-dire la dé-struction et la con-struction. Une simple cellule bactérienne, par exemple, subit une tension qui l’amène vers un nutriment ou l’éloigne d’une menace. Dans un organisme composé d’un milliard de cellules comme le nôtre, un système spécialisé est à l’œuvre et contribue à la -struction.

 

Sentience Research: Selon vous, quelle est l’étendue du “nous”, lorsque nous parlons de nous tous, les êtres conscients qui souffrent?

Robert Daoust: Mon sentiment est qu’en fait, il n’y a pas de “je” qui ressent. Chaque souffrance est une instance de conscience indépendante. Le “je” en tant que propriétaire de la conscience est une illusion, mais socialement, il représente un agent fictif commode, souvent amplifié par l’identification à divers “nous”. Techniquement, l’expérience, le contenu de l’expérience et le sujet de l’expérience sont tout simplement une seule et même chose (voir Strawson). La conscience, j’aime à le dire, est ce qu’on ressent quand on est un champ d’ondes électromagnétiques dans certaines circonstances appropriées. Donc… l’étendue de la conscience, pour autant que nous puissions le dire, serait qu’elle est apparue sur terre il y a des millions d’années, elle est probablement apparue aussi en d’innombrables endroits ailleurs dans l’univers, et dans un avenir lointain elle émergera probablement dans toute la matière-énergie qui peut être utilisée à cette fin.

C’est pourquoi l’antinatalisme, le nihilisme, le désespoir sont inutiles comme solution. Plutôt que de compter sur la fin des espèces malfaisantes comme la nôtre, nous ferions mieux de compter sur la part d’ange en nous et de faire ce que nous pouvons pour organiser durablement l’allégement de la souffrance.

 

Sentience Research: Pensez-vous que la souffrance puisse être quantifiée? Comment mettre en relation l’intensité de la souffrance avec le nombre d’individus touchés? Comment décider d’agir sur un cas de souffrance plutôt que sur un autre lorsque le nombre d’individus touchés et l’intensité de leurs souffrances sont différents dans les deux cas?

Robert Daoust: Oui, quantifier la souffrance n’est pas impossible, comme beaucoup le disent, mais ce n’est pas aussi facile que d’autres semblent le penser. L’algométrie est une discipline incontournable, à part entière, pour laquelle j’ai fait ces Notes préparatoires pour la mesure de la souffrance. J’invite les lecteurs intéressés à consulter ce document. Il faudra plusieurs millions de dollars pour démarrer sérieusement l’algométrie en tant que sous-discipline de l’algonomie.

 

Sentience Research: Dites-nous-en plus sur la situation actuelle de l’Algosphère. Comment cela fonctionne-t-il et qu’en attendez-vous? Quels sont les obstacles à la réalisation de ses objectifs?

Robert Daoust: L’Alliance Algosphère fonctionne depuis sept ans maintenant. Elle invite tout le monde à se rassembler et à faire en sorte que la souffrance soit désormais assiégée, encerclée, approchée de toutes parts… Une cinquantaine de personnes sont devenues des alliés, et une centaine d’autres se sont inscrites sur le site. Six organisations sont également des alliés. C’est un début lent mais solide. L’une des principales composantes de l’Alliance est sa plate-forme de collaboration, où chacun fait ce qu’il trouve intéressant. Diverses choses s’y développent, la plupart du temps de manière souterraine. Depuis avril dernier, un grand remaniement de l’Algosphère est en cours, avec un comité de cinq personnes qui travaillent fort. L’objectif est de repenser l’ensemble du fond et de la forme afin de faire comprendre au grand public ce qui se passe dans l’Algosphère. Plus de nouvelles à ce sujet bientôt… Nous pensons qu’au cours de ce siècle, grâce à nos alliés, la souffrance deviendra une priorité pour la plupart des gens sur cette planète, lorsqu’il s’agira de prendre des décisions importantes, collectives ou individuelles. S’il y a un obstacle à la réalisation de cet objectif, c’est bien le défi du changement culturel: comment les cœurs et les esprits peuvent-ils s’impliquer dans une opération collective globale pour freiner le phénomène de la souffrance? Des plans sont mis en place, espérons qu’ils fonctionneront bien.

 

Sentience Research: Quelles sont les stratégies pour abolir la souffrance, et que pouvons-nous faire aujourd’hui en tant que mouvement?

Robert Daoust: Les stratégies ont été exposées par David Pearce dans son chef-d’œuvre The Hedonistic Imperative. En résumé, nous devrions étudier les facteurs biologiques ou génétiques qui sont à l’origine de l’apparition de la souffrance et, à partir de là, nous devrions construire un meilleur arrangement des composants cellulaires ou sous-cellulaires de notre psyché. En attendant, une action sociale et politique peut également être nécessaire, bien qu’insuffisante, pour atteindre l’objectif. La voie à suivre est relativement claire et simple, bien qu’elle soit semée d’embûches. Le principal obstacle pourrait être un effondrement de la civilisation causé par l’un des risques existentiels qui nous menacent. Un autre obstacle pourrait être que la souffrance constitue une partie indispensable du fonctionnement normal et libre de la conscience: nous pourrions construire des organismes qui ne ressentent aucune souffrance, mais à mon avis, si leur comportement n’était pas techniquement restreint, ils s’autodétruiraient, en raison de la volonté de puissance néguentropique inhérente qui amène chaque entité à faire tout son possible pour se con-struire. Dans un organisme conscient, le régulateur ultime est la souffrance insupportable. Pour surmonter cet obstacle, il faudrait nous assurer que la résurrection à volonté soit possible, que les êtres conscients libres-et-non-souffrants soient immortels.

En tout cas, chacun de nous qui réalise l’importance de contrôler le phénomène de la souffrance peut agir par le biais des différentes organisations axées sur la souffrance qui sont apparues récemment:

Et tous ceux d’entre nous qui comprennent la valeur de la synergie peuvent se joindre à l’Alliance Algosphère. De nombreux autres projets restent à mettre en place, par exemple:

  • Encyclopedia of World Problems and Human Potential: nous devons exploiter cette ressource cruciale au niveau le plus général pour améliorer notre monde.
  • Toward an Institute of Algonomy: nous ne pouvons pas aller loin sans une telle base institutionnelle pour la connaissance systématique, la bibliographie, la taxologie, l’algométrie, l’analyse stratégique, etc.
  • “Alléger ma souffrance”: il s’agit d’un projet, chez Algosphère, d’un centre d’information et de ressources pour répondre aux demandes des individus.
  • Algomedia: il s’agit d’un autre projet d’Algosphère concernant l’utilisation de toutes sortes de médias pour populariser les nouvelles et les activités axées sur la souffrance.
  • Projet de stratégie globale: ce projet est encore à développer, il concerne la jonction de divers groupes, comme l’altruisme effectif, le bouddhisme, la recherche de la compassion, etc. autour d’une sorte de programme politique.
  • Équipes d’action pour une minimisation organisée des souffrances inacceptables: il s’agit d’une version récente d’un projet que j’essaie de mettre en place depuis des décennies afin de lier l’action pratique directe et le contrôle systématique de la souffrance.

 

Sentience Research: Y a-t-il encore quelque chose à dire? De quoi d’autre devrions-nous parler dans cette entrevue pour faire un tour complet de vos pensées et actions les plus importantes?

Robert Daoust: La foi en Dieu a été importante pour moi jusqu’à l’âge de 17 ans. Je voulais devenir un saint, et un prêtre. J’ai perdu la foi, principalement à cause de l’idée absurde d’un enfer éternel créé par un père infiniment aimant. Aussi parce que la science moderne explique le monde d’une manière plus sensée. J’ai été particulièrement impressionné par un livre lu en 1966, Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne. J’ai essayé de retrouver une sorte de foi jusqu’à la mi-trentaine, en étudiant les religions orientales et la parapsychologie, avant de conclure que rien, dans ces domaines spirituels, ne résiste à l’examen. Aujourd’hui, je crois qu’il y a plus de choses dans la matière matérielle que ce dont rêvent les philosophes et les mystiques.

Bientôt, je vais rencontrer des collègues que j’ai connus à l’école il y a environ 55 ans. Je me rends compte que j’étais un enfant pauvre quand j’étais étudiant, et que je suis resté pauvre toute ma vie, que j’ai suivi sans trop m’en apercevoir le vœu de pauvreté. Je n’ai pas eu d’enfants. Ça a été long avant que je rencontre des filles, dans ma vingtaine. J’ai été pour de bon dans un couple entre 44 et 69 ans. Heureusement, sur le plan intellectuel, financier, social et émotionnel, mes frères et sœurs ont tous été une bénédiction pour moi, et la plupart de mes amis les plus chers aussi. Mon principal problème dans la vingtaine, à part trouver une femme et un dieu, était de trouver une carrière. J’ai finalement opté pour être un “penseur”, parce qu’être philosophe ou écrivain était trop exigeant pour moi. Et j’ai visé de découvrir quelque chose, parce que c’est le travail le plus efficace que l’on puisse faire: par exemple, en tant que potier vous pouvez fabriquer un certain nombre de pots dans votre vie, mais en tant qu’inventeur de la machine à fabriquer des pots vous en produisez incomparablement plus en fin de compte .

Je ne crains vraiment qu’une chose: qu’il y ait un enfer éternel, ne serait-ce que pour un seul être conscient. Je ne peux pas supporter cette pensée plus de quelques secondes. Je crois qu’il y a un aspect fondamental de la vie humaine qui se rattache à cette crainte: chaque individu rencontre la souffrances insupportable, en tant qu’enfant par exemple quand on met la main sur le brûleur de la cuisinière, mais plus tôt aussi, probablement en tant que nouveau-né ou même en tant que fœtus. Découvrir la souffrance insupportable est incroyablement et très fondamentalement traumatisant. Non seulement nous ne pouvons pas faire ou avoir tout ce que nous voulons, mais nous pouvons aussi être accablés par quelque chose de terrible, capable de nous faire souffrir indéfiniment. Donc, nous sommes tous atteints du syndrome de stress post-traumatique. Et c’est si terrible que nous devrions l’oublier, n’est-ce pas? Qu’est-ce qu’il y a à la télé ce soir?

Néanmoins, il y a d’autres choses importantes dans la vie à part la question de la souffrance: tout cela que nous aimons. J’ai retenu de mon éducation religieuse que nous appelons sacré ce que nous aimons vraiment, c’est-à-dire ce que nous voulons sain, entier, bien con-structuré plutôt qu’affreusement dé-structuré. J’aime ceux qui me sont proches et chers, j’aime la science et la connaissance, j’aime la beauté et le plaisir et le pouvoir glorieux si je le crois bénéfique, et j’aime les forêts, les montagnes, les lacs, les rivières, les mers et les cieux…

 

Sentience Research: Merci beaucoup Robert, ce fut un plaisir.

Robert Daoust: Merci de m’avoir donné l’occasion d’exprimer mes pensées, le plaisir était pour moi aussi.

The systematic approach to suffering: an Interview with Robert Daoust

English | French

Algonomy is the name of a discipline for the systematic study of suffering, proposed by Robert Daoust. The Algosphere Alliance, launched by Robert and others in 2011, is an open and transparent global network of individuals and organizations, dedicated to alleviating suffering. 

 

Sentience Research: You are one of the founders of the Algosphere. How did the organisation start, and what were its foundational principles?

Robert Daoust: To my great surprise, I realized in 1975 that there was no central place in our culture where one could go to deal with the phenomenon of suffering itself, in all its variety or aspects. I then proposed the creation of a theoretical discipline and a practical enterprise. In the following decades, I found that people in general had sympathy for my proposal, but no one got involved with me until 2011, when Jean-Christophe Lurenbaum and I met through David Pearce’s mediation. Jean-Christophe also had in the seventies the idea of organizing the alleviation of suffering in the world; for that purpose, deliberately, he studied in public economics and then chose to work as a secretary for strategy at the largest French public corporation before retiring early, going back to university and writing a book summarizing his ideas. Mines were in a 1986 document called L’organisation générale contre les maux.

Thanks to Jean-Christophe’s great expertise, the Algosphere Alliance was started in 2013. It is a unique kind of institution, open to all those for whom the alleviation of suffering is a priority. It has no registration in any jurisdiction (it is free from any external authority), no power structure (no place for ego or power trip), no money (no control by the wealthiest), no obligation imposed on participants (contribute as you wish) and it is designed to operate slowly, methodically, for centuries and for very large-scale changes, more than in the heat of each passing emergency. It does not act by itself to alleviate suffering but rather through its allies, each in their particular fields of interest.

 

Sentience Research: What is the main feature of the Algosphere that makes it different from other projects?

Robert Daoust: The Alliance proposes a convergence of forces at the most abstract level of generality that can bring together the diverse actors dealing with the alleviation of suffering — and that abstract level is in my opinion the most concretely powerful in practice because it radically simplifies the approach to suffering. To say it more clearly perhaps, you and I do our things but can get into synergy by taking decisions together that are mutually advantageous, and we all can do that collectively thanks to the meeting place offered by the Alliance, the Agora. The Agora works as a worldwide direct democracy tool, a decentralized and transparent decision-making process that is based on consent, i.e. non-disagreement, i.e. non-suffering.

 

Sentience Research: What happened before that? In your biographical notes we can read depressing thoughts of teenage Robert about suffering, “Extreme pain endured by innumerable beings in their march across life appears to me like a hopeless persecution perpetrated by inhuman forces which we must absolutely defeat.” Has this changed in time? How do you actually experience personally and assess globally suffering in the world?

Robert Daoust: How much suffering is there? Personally, my mother died when I was two years and a half, but I realized only recently that this was, for real, a painful tragedy. I mean… this made my life, and several other lives too, complicated and full of hardship, but that death never felt painful to me. I first encountered excessive suffering when I was ill with various common childhood illnesses, and from the age of ten I did all I could to avoid physical pain. Similarly, in my late twenties, I progressively learned to avoid psychological suffering due to causes such as depression or sexual frustration. After that, I have mostly been happy. Anyhow, it is not clear to me how someone can assess the amount of suffering that occurs in oneself, let alone in the whole world. We need an algometry, a science of suffering quantification, a subspecialty of algonomy. Roughly, I think that the amount of suffering on earth has been more or less equal during the last million years. I cannot look at the hellish state of the world without what I call welder’s goggles. I take solace, however, in this sentence from Maus, where Spiegelman’s father, a holocaust survivor, says about his stay in Dachau:  “And that’s where my troubles began”. That was after he had been in Auschwitz for a long time!!!

 

Sentience Research: You say that “all major spheres of human activity deal in one way or another with suffering”, although it is not their main concern. Is this not a paradox or contradiction?

Robert Daoust: Do you see a contradiction?

 

Sentience Research: I mean, suffering is ubiquitous in human lives (and in other animals too, of course) and yet there have hardly been any humans who have set out to end suffering. It seems as if most accept it as a necessary or inevitable evil.

Robert Daoust: Oh, yes! Before Newtonian science you could deal with gravity but only up to a certain point. It takes a lot of abstract thinking to get beyond the obvious and start discovering what else can be done, like going to the moon. It is only with the advent of a new scientific psychology in the 21st century, I believe, that we will really begin to understand how to escape the gravity of our suffering condition.  I noticed also that, by definition so to speak, the more something is needed, the harder it is to get it. That is because, I guess, we are in a world where each entity competes for its own construction, its own growth. Cooperation instead of competition occurs when one level of activity is unexpectedly surpassed by another level of activity, as it has occurred throughout the history of biological evolution, and of human evolution as well. That explains perhaps, but not very clearly, sorry, why it is so hard to find collaboration for projects like mine…

 

Sentience Research: The idea of ​​a discipline that has suffering as its main focus, algonomy, is something that has matured in you for many years. (It has been in your head at least since 1975!) How has it changed since then? What are the challenges of this project?

Robert Daoust: It did not change much. At the start I called it algology. Over the subsequent decade, I spent my time in libraries looking for works or fields of study that already existed in the spirit of algonomy. Alas, and to my unending surprise, I did not find much. In 1986, I produced a summary or blueprint L’organisation générale contre les maux, and around 2000-2005 an Introduction to Algonomy. I should say that from the very beginning, my feeling was that if the idea was as good as it seemed,  it would take only two weeks to find plenty of interested people! I still have the same feeling. The last attempt I made was in 2019, when I proposed to create an Institute of Algonomy: it’s easy, all you  have to do is find 10 million dollars from one billionaire philanthropist! Of course, that too was not settled in two weeks — because of a lack of audacity, I suppose: not a single request was made to obtain ten millions.  A new discipline dedicated to suffering includes a lot of challenges, but I predict that if we could get it off the ground, it would be so successful, in terms of spared sufferings, that its development would be quick and lasting. Sometimes, however, I think all this might be a lifelong delusion… but it’s a bet, a wager: could I imagine a more meaningful way to use my time?

 

Sentience Research:  “Suffering”, “Pain”, “Disvalue”, “Negative Valence”, “Negative Qualia”, “Unsatisfied Desires” and “Frustrated Preferences” are conflicting terms sometimes used ambiguously. Which is your favourite term? Do you use different definitions?

Robert Daoust: My favorite term is unpleasantness, which I retained from my studies in pain science, where it is used to distinguish between various components of physical pain, such as ‘aversion’ (“to not want” is not “to dislike”, cf Berridge) or ‘suffering’ (secondary or tertiary psychological distress). Around 2006-2010, I wrote most of the Wikipedia entry on suffering, and especially the section Terminology. By the way, even this article, which is regularly consulted, has not attracted much collaboration for its edition, which is a pity.

Terminology about suffering is extraordinarily confusing. It reveals how much suffering is a blind spot in our culture. One of the first uses of algonomy would be to adopt a universal technical terminology. Perhaps suffering would be called ‘algo’. So… personally I use only one definition of suffering: unpleasant feeling. I find negative valence interesting, but I think it very often occurs without unpleasantness, like when for instance an inquisitive mind realizes that a piece of information is missing: this may be felt as a disvalue, but within a stream of pleasant exploration. Pleasure and suffering are not the only values that exist, in my opinion, far from it. It might be disastrous to stop all suffering (or to promote all pleasures) if it turns out that some of it is necessary (or is an obstacle) to reach something of great value.

Another use of algonomy, that will bring light into this complex topic, will be to provide a taxology of suffering, a tool for collecting and classifying information concerning the “kinds of suffering,  people or animals who suffer, causes of suffering, people and organizations who cause suffering, solutions or strategies relative to suffering, people and organizations who contribute to stop or prevent excessive suffering, documents relevant to the systematic study of suffering,” etc.

 

Sentience Research: What are your thoughts on the nature of suffering: why do we suffer and how sentient experience is possible in the first place?

Robert Daoust: Ultimately, the nature of suffering or sentience depends on the nature of what exists at the most fundamental level, beyond our current knowledge. So, we are left to wonder what this world is and what value it has. Philosophically, I choose sanity, I believe and hope that the unknown will become known someday and most importantly, that it will not turn out to be “too” bad: in all likelihood there is no eternal hell or something even worse. My view is that we live in the universe described by modern physics, which consists of matter-energy or waves-particles. Contemporary science is in the process of discovering how sentience emerges from matter-energy, and as a consequence it will understand much better itself and its concepts like space-time, matter-energy, mathematical objects, linguistic objects, etc.

 

Sentience Research: Did you reach any conclusions regarding the most probable explanation of the nature of suffering and sentience in general?

Robert Daoust: For what it may be worth, I think I have a unique perspective in the field of psychoneural research because I’m a self-taught independent scholar, specialized in a topic, suffering, that has not been systematically approached until now within the framework of a modern scientific discipline. The closest relevant knowledge I could find in the academic world was pain science. By chance, McGill University in my hometown had perhaps the best pain research community, around which I hung out for several years and learned a lot.

I hold a few things as pretty certain: 1) the brain stem is more essential to sentience than the cortex; 2) the emergence of sentience depends on electromagnetic wave-fields generated in the brain, more than on computations made by neurons; 3) the solution to the hard problem of consciousness requires an explanation at the right level of emergence, the psychological level, but based on previous levels described by biology, chemistry, physics.

Sentient experience is made possible by evolution through the advent of complex systems of cells specialized in electrical activities. Those activities represent insentient sensory, motor, or associative activities. In spite of their sophistication, insects “probably” behave without sentience, thanks only to their deep learning neural networks. But within vertebrates and some invertebrates the electromagnetic representations become so numerous and well interrelated that they form a complex blob or wave-field where a theater of meaning-values can take place: qualia constitute streams of interrelationships where they mean-and-are-worth something to each other, within a “narrative”.

I hypothesize that the value part has its physical substratum in forces of attraction and repulsion taking various symmetric and dissymmetric configurations. The meaning part depends on neural computations and it cannot be conscious without value. We suffer because it contributes to survival. The most basic evolutive tendencies are entropy and negentropy, i.e. de-struction and con-struction. A single bacteria cell, for instance, undergoes a tension that brings it toward a nutrient or away of a threat. In a billion cell organism like ours, a specialized system is at work and contributes to -struction.

 

Sentience Research: So, in your view, how broad is “we”, when we speak of us all, the sentient beings who suffer?

Robert Daoust: My feeling is that as a matter of fact there is no ‘’I’’ that feels. Each suffering is an independent instance of sentience. The “I” as the owner of consciousness is an illusion, but socially it represents a convenient fictional agent, often self-aggrandized by identification to various “we”. Technically, the experience, the content of experience, and the subject of experience are just and simply one and the same thing (see Strawson). Sentience, I like to say, is what it feels like to be an electromagnetic wavefield under certain circumstances. So… the extent of sentience, as far as we can tell, would be that it emerged on earth millions of years ago, it probably emerged also in countless places elsewhere in the universe, and in the far future it will probably emerge in all matter-energy that can be used for that purpose.

That’s why antinatalism, nihilism, despair are useless as a solution. Rather than count on the end of wicked species like ours, we’d do better to count on the better angels of our nature and try to sustainably organize the alleviation of suffering.

 

Sentience Research: Do you think suffering can be quantified? How to relate the intensity of suffering with the number of individuals affected? How do we decide to take action over one case of suffering instead of over another when the number of individuals affected and the intensity of their sufferings are different in both cases?

Robert Daoust: Yes, quantifying suffering is not impossible, like many say, but it is not as easy as others seem to think. Algometry is a whole discipline by itself, for which I made those Preparatory Notes for the Measurement of Suffering. I invite interested readers to look at that document. It will take several million dollars to seriously start algometry as a subdiscipline of algonomy.

 

Sentience Research: Tell us something more about the current situation of the Algosphere. How does it work and what do you expect from it? What are the bottlenecks for achieving its goals?

Robert Daoust: The Algosphere Alliance has been in operation for seven years now. It invites everybody to gather and make sure that suffering is now under siege, encircled, approached from all sides… Some fifty persons have become allies, and a hundred others have registered on the website. Six organizations are also allies. It’s a slow but solid start. A main component of the Alliance is its Collaborative Platform, where everyone does what they find interesting. Various things have been growing there, mostly underground. Since last April, a major revamping of the Algosphere is underway, with a committee of five people working hard. The goal is to rethink the whole substance and form in order to make the general public understand what is going on in the Algosphere. More news on this coming soon… We expect that during this century, thanks to our allies, suffering will become a priority for most people on this planet, when it is a question of making important collective or individual decisions. If there is one bottleneck for achieving this goal, it is the challenge of cultural change: how can the hearts and minds become involved in a global collective operation to restrain the phenomenon of suffering? Plans are set up, let’s hope they work.

 

Sentience Research: What are the strategies for abolishing suffering, and what can we do today as a movement?

Robert Daoust: The strategies have been spelled out by David Pearce in his masterpiece The Hedonistic Imperative. Essentially, we should investigate the biological or genetic factors that are to blame for the apparition of suffering and from there we should build a better arrangement of the cellular or sub-cellular components of our psyche. Meanwhile, social and political action may also be necessary, although insufficient, for reaching the goal. The road ahead is relatively clear and simple, although fraught with obstacles. The main obstacle might be a collapse of civilization through one of the existential risks. Another obstacle might be that suffering represents an essential part of the normal and free functioning of sentience: we might build organisms that feel no suffering at all, but in my opinion they would self-destruct, if their behaviour is not technically constrained, because of the inherent negentropic will to power that makes every entity do everything it can to con-struct itself. In a sentient organism, the ultimate regulator is unbearable suffering. To overcome that obstacle we would have to ensure that resurrection is available, that pain-free-and-free-choosing sentient beings are immortal. 

In any case, each of us who realizes the importance of controlling the phenomenon of suffering can act through the various suffering-focused organizations that appeared recently:

 

And all of us who understand the value of synergy can join together in the Algosphere Alliance. Many other projects remain to be set up, for instance:

  • Encyclopedia of World Problems and Human Potential: we have to harness this crucial resource for improving our world on a global level.
  • Toward an Institute of Algonomy: we cannot go far without such an institutional basis for systematic knowledge, bibliography, taxology, algometry, strategic analysis, etc.
  • “Alleviating my suffering”: this is a project, at Algosphere,  of an Information and Resources Center for responding to individuals’ requests.
  • Algomedia: this is another project at Algosphere, concerning the use of all kinds of media for popularizing suffering-focused news and activities.
  • Global strategy project: this is still to be developed, it has to do with the junction of various groups, like effective altruism, Buddhism, compassion research, etc. around some kind of political program.
  • Action-Teams for an organized minimization of inacceptable sufferings: this is a recent version of a project that I have been trying to set up for decades in order to link direct practical action and the systematic control of suffering.

 

Sentience Research: Is there anything left to say? What else should we talk about in this interview for it to be a complete review of your more important thoughts and actions?

Robert Daoust: Faith in God was important for me until I was seventeen. I wanted to become a saint, and a priest. I lost faith, mainly because of the absurd idea of an eternal hell created by an infinitely loving father. Also because modern science made more sense for explaining the world. I was especially impressed by a book in 1966 Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne. I tried to recover a kind of faith until my mid-thirties, studying oriental religions and parapsychology, before concluding that nothing, in those spiritual realms, stands up against scrutiny. Now I believe there are more things in material matter than are dreamt of by philosophers and mystics. 

Soon, I will meet with colleagues I knew at school some 55 years ago. I realize that I was a poor kid as a student, and I remained poor all my life, inadvertently following the vow of poverty. I did not have children. It was long before I met girls, in my twenties. I was for good in a couple between the ages of 44 and 69. Fortunately, my brothers and sisters have all been a blessing for me, and most of my dearest friends too, intellectually, financially, socially, emotionally. My main problem in my twenties, besides finding a girl and a god, was to find a career. I settled for being a ‘thinker’, because being a philosopher or a writer was too demanding for me. And I settled for discovering something, because this is the most efficient work one can do: for instance as a pot maker you can make a number of pots in your life, but as the inventor of the pot making machine you produce an incomparably greater number of pots.

I really fear only one thing: that there be an eternal hell for any sentient being. I cannot stand that thought for more than a few seconds. I think that this is a fundamental fact of human life: everyone meets unbearable suffering, for instance as a child who puts a hand on the stove burner, but also sooner, probably as a newborn or even as a foetus. Discovering unbearable suffering is incredibly and very fundamentally traumatic. Not only we cannot do or have all what we want, but also we may be overpowered by something that is terribly awful, that will make us suffer endlessly. We all are affected by post-traumatic stress disorder. It’s so terrible, we should forget about it, shouldn’t we? What’s on TV tonight?

Nevertheless, there are other important things in life besides the question of suffering: everything we love. I retained from my religious education that the object of true love takes the status of the sacred, of what we want to be holy, whole, well con-structed rather than awfully de-structed. I love those who are close and dear to me, I love science and knowledge, I love beauty and pleasure and the glorious power that I find beneficial, and I love forests, mountains, lakes, rivers, and seas and skies…

 

Sentience Research: Thank you very Much Robert, it has been a pleasure.

Robert Daoust: Thank you for giving me the opportunity to express my thoughts, the pleasure was mine too.

 

The systematic approach to suffering by Robert Daoust

“The study of pleasure and pain belongs to the province of the political philosopher; for he is the architect of the end, with a view to which we call one thing bad and another good without qualification. ” – Aristotle, Nicomachean Ethics

The systematic approach to suffering will present a collection of lists, a series of enumerations as exhaustive as possible concerning suffering, causes of suffering, people and organizations who cause suffering, factors of difficulty in work against excessive suffering, ideas of strategy, solutions, people and organizations who contribute to solve excessive suffering, documents interesting the systematic approach to suffering, and many other lists.

All those inventories, mostly without precedent, call for a new type of gathering and classification work. And the interrelationships among all those elements will also call for new specialties. Moreover, it will be necessary to develop standardized procedures for measuring individual or collective suffering. Those measurements will be used to guide the work of prevention, reduction, suppression, eradication.

Such a wider and more precise mapping of the field will better inform us on what is occurring and where we should go, will better prepare us to react to the evolution of the global problematique (for instance, it would make it possible to detect and control the harmful consequences of certain solutions, or to use advisedly new shrewd tactics). It will make it easier for us to find our way through the abundance, the vastitude and the complexity of the subject.

The systematic approach to suffering proposes a general plan of solution to the whole problem of excessive suffering; it proposes which steps would lead to a global victory; it proposes a framework apt to accomodate all collaborations and to organize usefully their theoretical or practical contributions; it offers “an operational environment supporting the mutual reinforcement of the approaches and the projects of solution, too often isolated and vulnerable at present.

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Conceptualizing suffering and pain

Pain can be described in neurological terms but cognitive awareness, interpretation, behavioral dispositions, as well as cultural and educational factors have a decisive influence on pain perception. Suffering is proposed to be defined as an unpleasant or even anguishing experience, severely affecting a person at a psychophysical and existential level. Pain and suffering are considered unpleasant. However, the provided definitions neither include the idea that pain and suffering can attack and even destroy the self nor the idea that they can constructively expand the self; both perspectives can be equally useful for managing pain and suffering, but they are not defining features of the same. Including the existential dimension in the definition of suffering highlights the relevance of suffering in life and its effect on one’s own attachment to the world (including personal management, or the cultural and social influences which shape it). An understanding of pain and suffering life experiences is proposed, meaning that they are considered aspects of a person’s life, and the self is the ever-changing sum of these (and other) experiences.

Source: https://peh-med.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13010-017-0049-5

A compass that is perpetually “stuck on South”

“If someone offered you a pill that would make you permanently happy, you would be well advised to run fast and run far. Emotion is a compass that tells us what to do, and a compass that is perpetually stuck on north is worthless.” —Professor Daniel Gilbert. Department of Psychology, Harvard University

“Many millions of people in the contemporary world have a compass that is perpetually “stuck on South”. They are always unhappy and discontented. They endure chronic pain and/or depression. Some victims of severe anhedonia can’t even imagine what it’s like to be happy. A minor blessing is that not all of their days are quite as terrible as others. So in one sense, their emotional compass can point North as well as South: a motivational system of sorts still functions. But the whole of their lives is spent in an Antarctic wasteland of misery and despair.

At the other extreme, a small minority of people are blessed with a compass that seems perpetually “stuck on North”. In pathological cases, they may be manic. But sometimes they are in varying degrees just “hyperthymic” i.e. the hedonic set-point around which their lives oscillate is unusually high compared to the Darwinian norm. Hyperthymic well-being is chronic; yet it’s not uniform. Thus some days of hyperthymic life are even more wonderful than others; pursuing their favourite activities makes hyperthymics even happier than otherwise. So again, the hyperthymic emotional compass is bidirectional: its scale is different, but it works. The relevant contrast here lies in the way hyperthymics are animated by information-signalling gradients of well-being, whereas dysthymics, depressives and victims of chronic pain spend their lives struggling to minimise ill-being. Either way, affective gradients rule.” —David Pearce

Source: https://www.gradients.com/

Ideology of Reproduction versus Non-Suffering and conservatism vs progressivism

“While every sensitive being fundamentally wishes to avoid suffering and experience happiness, curiously, human societies have almost never made non-suffering and happiness their founding values. Why? The ideology of reproduction has existed for 100,000 years, while the belief that the spirit survives the death of the body appears. We must reproduce so that a progeny can take care of our spirit after our death. The supreme value is reproduction, and therefore life. The strength of this discourse is such that the ideology of reproduction, which has forged most of our laws, has finally imposed itself through unconscious internalization, even today. To come out of it, to deconstruct this ideology is a condition for the flourishing of the values of non-suffering and happiness that appeared much later, only 2500 years ago, in India and Greece.”

From the Jean-Christophe Lurenbaum’s book: “Is “Being Born” in the Best Interest of the Child? – Ideology of Reproduction versus Non-Suffering

“A key to understanding what is behind conservatism and progressivism is that the former is pro-life or for “reproduction” in the broad sense, whilst the latter is for suffering-alleviation” — Robert Daoust

 

What does “more suffering than happiness” means?

In Magnus Vinding‘s [1] words [2]:

I think there is a problem with underspecified [in expressions] like “more suffering than happiness” […] For example, talking about “whether suffering or enjoyment is more common” (in this piece [3]) sounds rather descriptive, whereas saying that, or whether, “suffering predominates” (ibid.) will often have evaluative and/or moral connotations. The same is true of a term like welfare: it often has an evaluative/axiological meaning as opposed to a purely descriptive one (see e.g. sec. 1.1.1 here: https://tspace.library.utoronto.ca/bitstream/1807/92027/3/Mathison_Eric_201811_PhD_thesis.pdf [4]).

Indeed, the question as to “whether suffering predominates” can mean at least three very different things […]

For one, it may refer to a purely descriptive statement: there is a greater quantity of happiness than suffering, by some given measure. (And this, in turn, implies further questions concerning how one indeed measures happiness and suffering, in particular how one measures them against each other, and whether they are even commensurable, not just evaluatively but also in purely descriptive terms, cf. https://foundational-research.org/measuring-happiness-and-suffering/ [5] and https://animalstudiesrepository.org/animsent/vol1/iss7/18/ [6])

Second, it may mean something along evaluative lines such as “there is more positive value than negative value” in the existing happiness and suffering respectively. And this is a very different claim in that one can claim there is far more happiness than suffering in the world, by some given measure, yet still maintain that the disvalue of the suffering is far greater than the value of the happiness. Indeed, quite a number of philosophers and traditions in the East (cf. http://blogs.dickinson.edu/buddhistethics/files/2015/12/Breyer-Axiology-final.pdf [7]) and the West (including Epicurus and Schopenhauer) have defended views according to which the disvalue of suffering dominates that of happiness entirely; for recent defenses of such views, see Gloor: https://foundational-research.org/tranquilism/ [8] and Wolf: https://jwcwolf.public.iastate.edu/Papers/JUPE.HTM [9].

Third, one can think there is far more happiness than suffering in the world, even in evaluative terms, yet still think the suffering carries much greater moral/deontic significance; asymmetries of this kind have in fact been defended by quite a few prominent philosophers, including W. D Ross, cf. sec. 2.5 here: https://tspace.library.utoronto.ca/bitstream/1807/92027/3/Mathison_Eric_201811_PhD_thesis.pdf [10]

Beyond that, there are also issues concerning intra and inter-personal trade-offs: even if most lives in nature contain far more happiness than suffering (by some assumed measure), this would not mean that the happiness of some beings can ever outweigh the suffering of others, either in evaluative terms or deontic terms. Many ethicists accept intra-personal trade-offs while rejecting inter-personal ones (for instance Richard Ryder and Stevan Harnad, and to some extent Jamie Mayerfeld).

The perhaps most important question to ponder deeply, in my view, is whether we think any amount of happiness can morally outweigh the very worst of suffering. I have argued in the negative: https://magnusvinding.com/2018/09/03/the-principle-of-sympathy-for-intense-suffering/ [11] and so have philosophers Jamie Mayerfeld, Joseph Mendola, Ingemar Hedenius, and Ragnar Ohlsson, among others.

Just thought this was worth pointing out. Notions of “net negative” and “net positive” lives — as pertaining both to single individuals and (especially) to groups — require serious unpacking in terms of their meaning and assumed evaluative and moral implications.

 

Links and references

[1] https://magnusvinding.com/

[2] https://www.facebook.com/groups/suffering.in.nature/permalink/2727855270577587/

[3] http://www.zachgroff.com/2019/06/how-much-do-wild-animals-suffer.html

[4] https://tspace.library.utoronto.ca/bitstream/1807/92027/3/Mathison_Eric_201811_PhD_thesis.pdf

[5] https://foundational-research.org/measuring-happiness-and-suffering/

[6] https://animalstudiesrepository.org/animsent/vol1/iss7/18/

[7] http://blogs.dickinson.edu/buddhistethics/files/2015/12/Breyer-Axiology-final.pdf

[8] https://foundational-research.org/tranquilism/

[9] https://jwcwolf.public.iastate.edu/Papers/JUPE.HTM

[10] https://tspace.library.utoronto.ca/bitstream/1807/92027/3/Mathison_Eric_201811_PhD_thesis.pdf

[11] https://magnusvinding.com/2018/09/03/the-principle-of-sympathy-for-intense-suffering/

Types of suffering based on their uncertainty

The following is a list of types of suffering organized according to their uncertainty.

1. Suffering well reported.

In this case, the suffering being is typically an adult human who survives to the negative experience and can describe it.

  • Large burned; suffering by fires, plane crashes, explosions, bombings… (suffering by hot)
  • Individuals suffering cold and freezing.
  • Experimentation with human beings.
  • Partial drowning.
  • Physical torture.
  • Psychological torture.
  • Rape in adults.
  • Irukandji jellyfish sting.
  • Cluster headache.
  • Trigeminal neuralgia.
  • Conscious agony without palliative care (cancer, degenerative diseases…)
  • Heart attacks and cardiovascular accidents.
  • Depression.
  • Psychological suffering due to the loss of a loved one.
  • Psychological suffering of abandonment and separation type (emotional break in couples or between parents and children)
  • Psychological suffering due to feeling guilty for having caused or not having been able to avoid the damage to a loved one.
  • Another psychological suffering.
  • Birth pain.

2. Suffering difficult to survey.

It is the case of suffering in non-human animals, very young humans, humans in oppressive situations, humans with some cognitive impairment, and humans who do not survive the experience of suffering, or for any other reason they cannot communicate it.

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The science of consciousness and the science of suffering

Most of us are primarily interested in the problem of suffering, and secondarily in the question of consciousness. Because suffering is a phenomenal phenomenon we need to know what is consciousness. This seems to be important in how we approach the question of consciousness here.

Currently, the science of consciousness and the science of suffering are still in a pre-natal stage, the former being almost born, the latter just conceived. We cannot ‘define’ what we don’t know yet, but we may begin a scientific approach with working definitions.

It seems clear to me that consciousness and suffering are in another category than a table, a mountain or baldness. Life is a better comparison, but not adequate yet. To get good working definitions, I suggest that we consider that consciousness and suffering are phenomena in two senses:

– an object or aspect known through the senses rather than by thought or intuition (consciousness and suffering are known like that, by an “immediate sense”, unlike the “categories” of table, mountain, baldness or life)

– a fact or event of scientific interest susceptible to scientific description and explanation (consciousness, suffering and life are like that, but not a table, a mountain, or baldness)

Robert Daoust